Comprendre la vraie nature du stress

Jan 26, 2017 | Psychologie

La notion de stress prend ses origines dans les études de Hans Selye, médecin et chercheur émérité qui a marqué le milieu du XXième siècle. Il aurait emprunté ce terme au domaine de l’ingénierie; stresser un métal jusqu’à ce qu’il atteigne son point de rupture! C’est donc à partir de ce moment que ce concept fût officiellement intégré dans le vocabulaire biomédical. Le stress semble étrangement  traduire cette capacité que nous avons de surmonter les exigences de la vie et de résister à la pression, et ce, jusqu’à une certaine limite. 

Dans les faits, le phénomène du stress existe depuis que le monde est monde.  Il a permis à l’espèce humaine de survivre et de traverser le temps.  Lorsqu’on parle de réactions de stress, il s’agit ni plus ni moins d’un ensemble de réponses physiologiques et psychologiques qui permettent à l’organisme de s’adapter aux défis du quotidien, en leur faisant face ou en les évitant.  Suite à la perception d’une situation à affronter, les hormones du stress dont l’adrénaline, la noradrénaline et le cortisol, sont produites par les glandes surrénales (petites capsules situées au-dessus des reins) et envoient des messagers biochimiques simultanément au cerveau et au métabolisme afin de les activer pour composer avec ladite situation.  Le corps humain, tout comme un véhicule motorisé mais hautement plus sophistiqué, est doté d’un système d’accélération et de freinage.  C’est l’efficacité dans l’alternance de ces deux systèmes antagonistes, qui assure un fonctionnement optimal du corps humain tout en contribuant à son état de santé.

La notion de stress a été  grandement développée dans la littérature, dans les médias et lors de conférences s’adressant au grand public au cours des dernières décennies, plus précisément depuis l’avènement de l’ère industrielle.  Elle semble à la source de bien des représentations.  Il va, sans contredit, que son excès, c’est-à-dire un débalancement entre les systèmes d’accélération au détriment du système de freinage (lorsque la «pédale à gaz» reste  collée), semble directement associé à de multiples malaises répandus dans nos sociétés modernes (problèmes cardio-vasculaires, ulcères, épuisement professionnel, pour ne nommer que ceux-ci).  Plusieurs études scientifiques le démontrent de façon éloquente.

Sous un autre angle, prenons les problèmatiques associées à l’exclusion sociale, à la pauvreté, aux exigences de production de certaines entreprises dans des contextes de changements accélérés.  Toutes ces conditions figurent parmis des déclencheurs de pression qui contribuent au stress exténuant.  Sans compter l’hyperstimulation à laquelle nous sommes exposés, la pollution et les messages superficiels véhiculés par certains médias dont plusieurs d’entre nous sont dupes (surconsommation, surimportance de l’image, banalisation de la violence, de l’endettement, etc.).  D’autre part, le défi associé à la conciliation travail / famille exerce, sans contredit, sa part de pression.  Tout tient la route lorsque le système famililal est stable, jusqu’au jour où survient un impondérable, une épreuve, et c’est à ce moment que notre capacité d’adaptation est mise à rude épreuve!

D’autres sources de stress peuvent également prendre leurs origines dans nos relations, ce qui nous ramène sans cesse à nous-même, aux blessures affectives que nous portons.  On entend par celles-ci des expériences éprouvantes que nous avons vécues, plus souvent qu’autrement dans les premiers chapîtres de notre vie (enfance, adolescence, voir même jeune adulte), qui ont laissé des traces en nous, des formes de cicatrices psychologiques.  Personne n’y échappe.  Par exemple, une personne qui aurait souffert de rejet de la part de ses camarades de classe durant l’enfance pourra plus tard, durant sa vie adulte, éprouver de la difficulté à faire confiance ou à voir des situations de rejet potentiel là où il n’y en a pas.  Il s’agit alors d’une interprétation faussée à partir de filtres enregistrés provenant desdites blessures affectives qui contribibuent à générer des tensions internes.

Autrement dit, le stress peut être provoqué autant par des facteurs internes associés à notre histoire personnelle que par des facteurs externes associés à l’environnement et, en l’occurrence, par une complexe  combinaison des deux.

Multiples sont les approches véhiculées pour, soit disant, «gérer le stress».  D’une part, partons du principe que le stress ne se gère pas mais plutôt qu’on peut apprendre à «le réguler», à «l’apprivoiser».  Pour ne nommer que les techniques de relaxation, de respiration, les approches corporelles (ex. massage), le sport, le mode de vie, l’expression artistique, etc.  Loin d’être inefficaces, ces approches représentent des préambules intéressants permettant de mieux composer avec ces états.  Fondamentalement, le réseau social, c’est-à-dire la qualité des liens que nous établissons avec notre environnement familial et/ou fraternel (incluant nos collègues), le soutien que nous reçevons et celui que nous offrons, figurent parmi les facteurs significatifs de régulation du stress, peu importe le contexte dans lequel nous nous retrouvons.  Nous sommes essentiellement des êtres de relation, après tout!  Mais voilà que nous vivons dans une société où «l’Avoir» prime sur «l’Être», «l’être intime avec soi», «l’être avec l’autre».  Il est important de capitaliser sur la qualité de la relation que nous établissons avec nous-même au quotidien, dans nos moments de solitude ou lors des périodes plus sombres que nous traversons.  C’est la qualité et la profondeur de cette relation qui colorera tout le reste.  Par exemple, une personne qui adopte des attitudes culpabilisante et méprisante envers elle-même aura de la difficulté à établir des relations authentiques et harmonieuses avec les autres; elle présentera une souffrance psychologique qui se traduira dans ses agirs.  Heureusement, cette relation peut se modifier au fil d’un cheminement psychothérapeutique ou d’ordre spirituel (guidance, méditation, recueillement), qui vise une meilleure connaissance de soi dans un processus d’auto-observation, d’acceptation, d’ouverture à l’expérience et de bienveillance.

 

Nathalie Aubut

Psychologue