LES CICATRICES ET L’OSTÉOPATHIE

Nov 2, 2017 | Ostéopathie

Dans cet article, je tenterai d’expliquer de manière simple l’impact d’une cicatrice sur votre corps et la place de l’ostéopathie dans la minimisation de la symptomatologie postopératoire. Je vais aborder comment une cicatrice peut, même une fois guérie, avoir une influence considérable sur l’adaptation de votre corps aux divers traumatismes, mais surtout sur l’harmonie globale des systèmes le composant.

Une « lasagne » anatomique fonctionnelle

Pourquoi parler de lasagne lorsque l’on tente d’expliquer l’impact d’une cicatrice sur le corps?
Tout simplement parce qu’à l’image de la lasagne, le corps humain est composé de plusieurs couches de tissus, nommés fascias, séparés par une onctueuse sauce de liquide interstitiel leur permettant un glissement fluide et indispensable l’un sur l’autre. Dans ce modèle, nous imaginerons les muscles, les viscères et les organes comme la viande et les légumes. Le fromage quant à lui, fera office de peau.

Ceci étant, il est évident que cette image simpliste ne peut représenter en sa totalité la complexité du corps humain, mais faisons l’effort d’observer l’environnement biologique avec les yeux d’un enfant, dans sa forme la plus basique, afin de mieux comprendre ses fonctions.

Alors dans cette ligne d’idée, rajoutons une dernière composante à notre lasagne anatomique, indispensable dans le corps humain : la tenségrité.

Ce concept inventé par l’architecte américain R. B. Fuller est défini par ce dernier comme suit : « La tenségrité décrit un principe de relation d’ordre structurale dans laquelle la morphologie est garantie par un système de comportements tensionels complètement fermé et continu, et non par le comportement, discontinu et exclusivement local, des éléments en compression ».

Whoa… Qu’est-ce que ça veut dire?

En gros, la tenségrité agit comme le plat dans lequel la lasagne cuit, elle maintient le tout dans une structure reliée; une unité fonctionnelle. Vos os agissent comme des « tubes » solides et non liés, qui sont soutenus et fonctionnellement reliés par un assemblage multidirectionnel de « câbles » mis sous tension. Peu importe les mouvements que vous faites, peu importe les impacts que vous subissez, les forces de qui sont exercées sont instantanément distribuées dans la totalité de votre corps; « diffusées » au travers ce système de tenségrité. Ce système favorise une adaptation constante aux éléments externes et internes, diminue le poids de votre corps et augmente sa résistance et ses capacités. Mais en quoi consistent ces « câbles » si importants au bon fonctionnement de votre anatomie me demanderez vous. Cette question excessivement intelligente est sine qua non à la juste compréhension de l’impact des cicatrices sur le corps. Les PÂTES cher(e) ami(e), sont la réponse à votre question.

Effectivement, les pâtes représentent le fascia qui enveloppe la totalité des structures de votre corps. Ce tissu sert de soutien et protège les structures. Il se densifie pour devenir tendons ou ligaments et il change de nom selon la structure qu’il enveloppe. Mais ultimement, le fascia est relié dans sa totalité et représente un immense pyjama unique enveloppant tout votre corps. C’est à l’intérieur de ce « pyjama » que circulent les nerfs, les veines, les artères et le système lymphatique (usine de récupération des eaux usées si vous voulez). Plus le fascia est tendu, spastique ou lésé, plus le système vasculaire, nerveux et lymphatique a des chances d’être déficient. Le sang apporte l’oxygène et les nutriments aux structures et avec la complicité de la lymphe, se débarrasse des déchets métaboliques. Bon, c’est simplifié à l’extrême, mais pour les besoins de la cause c’est tout à fait fantastique. Je suis convaincu que les plus rapides commencent déjà à voir comment une cicatrice peut influencer négativement votre corps. En cas de doute, je vais continuer.

Qu’est-ce qu’une cicatrice?

Lorsqu’une agression survient au niveau des fascias, un accident qui entraine une plaie ouverte ou une chirurgie par exemple, un phénomène de reconstruction voit le jour afin de réaliser une réparation la plus parfaite possible de la zone lésée. C’est une prolifération de fibres élastiques et conjonctives qui vient colmater la plaie. Cette opération est majoritairement soutenue médicalement par l’application de points de suture lorsque le traumatisme est important.

Il peut alors apparaitre diverses conséquences. La zone irritée et en inflammation « assèche » les tissus périphériques et crée une zone d’adhérence (les tissus ne glissent plus l’un sur l’autre; notre lasagne est « soudée » à certains niveaux). On peut également retrouver plusieurs couches de fascia cousues ensemble lors de l’application des points de suture, créant aussi une zone réduite en mobilité et souplesse.

Finalement, il se peut que la cicatrice soit merveilleusement guérie et n’encoure aucun incident sur le corps.

L’influence d’une cicatrice sur votre pyjama

On se souvient que notre « lasagne », étant reliée par ses pâtes et son plat de cuisson (les fascias et la tenségrité), forme une unité fonctionnelle et que chaque interaction que le corps subit est partagée dans la totalité de ce dernier. Une cicatrice qui devient adhérente dans une zone tractera les tissus vers elle et aura de ce fait plusieurs influences sur les structures environnantes.

Si une zone devient en réduction de mobilité (hypomobile) et que les fascias ne glissent plus l’un sur l’autre, le corps n’a d’autre choix que d’augmenter la mobilité d’une ou plusieurs zones saines afin que vous puissiez continuer vos activités. Ce phénomène en est un d’adaptation, le corps compense ses zones hypomobiles en créant de l’hypermobilité ailleurs. Cette augmentation de mobilité, sur une longue période de temps, est probable de créer de l’irritation et de l’inflammation. Le corps protègera alors la région en l’immobilisant avec une rétraction musculaire et tissulaire, créant ainsi une nouvelle zone d’hypomobilité qui sera à son tour compensée par une ou plusieurs zones d’hypermobilité. La répétition de cette diminution régionale de mobilité créera ce que notre collègue ostéopathe Robert Rousse nomme un coffre-fort, un volume anatomique à mobilité restreinte qui augmente les terrains lésionnels possibles.

L’influence de l’ostéopathie sur votre pyjama

L’ostéopathe est un chercheur de liens. Dans sa forme la plus simple, il tente de découvrir grâce à sa palpation les zones où l’hypomobilité est la plus grande, redonner du mouvement et de la mobilité aux structures la composant et laisser ensuite les processus thérapeutiques naturels faire leur travail. Comme disait le créateur de l’ostéopathie : « La vie c’est le mouvement». C’est exactement en suivant cette ligne de pensée que cette approche thérapeutique est excessivement performante dans la minimisation de l’impact d’une cicatrice sur le corps. Le traitement des cicatrices en ostéopathie est indispensable au bienêtre du patient, mais surtout au succès d’un traitement efficace qui procurera des effets positifs de longue durée. Le traitement des cicatrices en ostéopathie permet d’augmenter la capacité d’adaptation des structures environnantes en redonnant de la souplesse et de la résilience aux tissus en lien avec la cicatrice. Le tout optimise la vascularisation de ces derniers (leur apport en oxygène et nutriments et l’élimination des déchets et des eaux usées) et favorise le retour à la santé.

Traiter une cicatrice correctement apporte souvent plusieurs solutions à des douleurs idiopathiques (que seuls les idiots peuvent comprendre). Par exemple, il est extrêmement fréquent d’observer la résolution de vieilles douleurs suite au traitement d’une cicatrice ou l’amélioration d’une digestion déficiente depuis longtemps.

Plusieurs manières d’approcher le traitement des cicatrices existent en ostéopathie avec plusieurs variantes d’efficacité. La douleur n’est pas obligatoire lors du traitement, mais fréquemment observée dans les traitements en profondeur. Il se peut même que certains relâchements émotifs surviennent lors de la normalisation d’une cicatrice, selon le contexte dans lequel le trauma a eu lieu.

N’hésitez pas à demander à votre ostéopathe de vous montrer comment continuer le travail vous-même à la maison. Un tissu cicatriciel peut nécessiter plusieurs traitements afin d’y redonner une mobilité saine.

Voilà comment l’ostéopathie et la lasagne sont intimement reliées

Maintenant, vous êtes en mesure d’apprécier le doux rapport entre le corps humain et la cuisine italienne. Il est facile de faire trop cuire une lasagne et de la rendre indigeste comme il est simple de nuire au bon fonctionnement de votre corps et de votre bien-être. L’ostéopathie est comme un cuisinier qui s’assure que la composition des éléments se trouve en bonne quantité et que la température du four est idéale à la cuisson. Tout le reste est un processus autosuffisant, optimisé par la qualité des ingrédients.

Ingrédients idéaux pour une bonne lasagne anatomique :
• Alimentation saine
• Exercice régulier (corps souple et résilient)
• Gestion efficace du stress (esprit souple et résilient)
• Ostéopathie, massothérapie, acupuncture.